C’est le début du mois d’octobre. Déjà. C’est un bon moment pour mettre à jour nos stratégies. Il y a toujours des choses à améliorer et des élèves qui apprennent différemment. Or sommes-nous conscients des stratégies que nous déployons naturellement au quotidien depuis le début de la rentrée? Parce qu’elles façonnent la vie scolaire et l’expérience d’apprentissage de toutes les personnes qui nous sont confiées. Et nos stratégies viennent bien souvent de nos réglages par défaut. Un réglage par défaut, c’est quelque chose qu’on fait sans avoir à y penser, c’est ce qui vient naturellement de nous. C’est souvent inconscient mais ça vaut la peine d’amener tout ça au niveau de la conscience en ce début du mois d’octobre. Je vous partage aujourd’hui 3 réglages par défaut qui servent ou non notre mission éducative. Ils valent la peine d’être inspectés.
La tâche ou la personne?
Vous êtes en train de rédiger un courriel et votre collègue, votre enfant, votre conjoint.e (choisissez le scénario) se présente dans votre bureau pour vous parler… Et votre réglage par défaut prend le dessus. Si vous êtes axé sur la tâche, vous continuez à écrire votre courriel. Vous écoutez (entendez) d’une oreille distraite la personne qui vous parle et lui donnez même possiblement des indices non-verbaux pour lui laisser savoir que vous avez des choses à faire et qu’il ou elle peut vous laisser tranquille. Si vous êtes axé sur la personne, vous arrêtez d’écrire et êtes pleinement disponible et à l’écoute de la personne qui vient vous parler. Vous vous reconnaissez? Outch! Ça, c’est mon défi de tous les jours. Je suis sans contredit une personne axée sur la tâche. Si vous avez déjà assisté à une formation en personne avec escouadeÉDU, à quelques minutes du début, je suis dans ma bulle près de l’estrade. Mon collègue Stéphane, lui, est très axé sur la personne. Il discute avec les participants et oublie même parfois qu’il faut commencer la formation. Ce sont nos réglages par défaut. Le fait d’être axé sur la tâche m’est très utile au quotidien. Ça m’aide à être productif et à créer. Mais ça m’empêche parfois d’entrer en relation avec les gens qui m’entourent. Je travaille là-dessus continuellement. Combien de fois ai-je dû sortir de mon bureau pour aller «défaire» ce que j’avais fait plus tôt et pour reconnecter avec des collègues, des élèves, mes enfants, ma conjointe… Êtes-vous davantage axé sur la tâche ou sur la personne?
Dans mon expérience, la sanction et le jugement nous éloignent de notre mission éducative et sont parfois le fruit de notre propre insécurité. – @bourmu
La sanction ou la relation?
En éducation, nous côtoyons toutes sortes de personnes. Nous n’apprécions pas toujours comment nos élèves se comportent. Retard, langage blasphématoire, code vestimentaire, impolitesse, travail incomplet, intimidation d’un autre élève, plagiat, cellulaire, désengagement général… Ce qui est fascinant, c’est que le comportement des élèves peut varier en fonction de l’adulte qui est devant eux. À la rentrée scolaire, nous souhaitons donner le ton. Les comportements d’élèves qu’on aimerait ne pas avoir à gérer dans notre école sont des occasions pour nous établir en tant que leader et pour entrer en relation avec les élèves. Particulièrement cette année. Les règlements sont importants pour garder tout le monde en sécurité et pour créer un climat propice à l’apprentissage. Or un élève qui oublie d’enlever sa casquette ne met personne en danger. Tel adulte s’empresse d’appliquer le code de vie à la lettre alors que tel autre adulte voit cette situation comme une occasion d’entrer en relation avec l’élève… et d’ensuite l’inviter à enlever sa casquette. La différence est subtile mais déterminante. Quel adulte va s’établir comme leader? Quel adulte va souffrir cette année? Dans ma carrière, j’ai entendu des collègues parler à des élèves comme s’ils étaient du bétail. C’est triste. C’est à se demander ce qu’ils aiment de leur travail. La même chose peut se produire entre collègues. Nos collègues font ou disent parfois des choses qui nous laissent perplexes. Et dans notre discours intérieur vient la sanction… ou le désir d’entrer en relation. Le jugement ou l’empathie. Dans les deux cas, élèves ou collègues, la différence entre la sanction (jugement) ou la relation (empathie), c’est de s’intéresser à l’autre et de comprendre l’histoire derrière le comportement. Dans mon expérience, la sanction et le jugement nous éloignent de notre mission éducative et sont parfois le fruit de notre propre insécurité. Quand vous réfléchissez à la qualité du milieu de vie que vous créez depuis la rentrée, quel est le réglage par défaut dans votre milieu? Êtes-vous davantage axé sur la sanction ou sur la relation?
La peur ou l’espoir?
Notre mission éducative nous amène à viser la réussite de tous élèves. Tous. Pour que les élèves réussissent, ils doivent apprendre. Pour que les élèves apprennent, nous devons entrer en relation avec eux et générer des émotions positives afin qu’ils s’engagent dans leur apprentissage. C’est connu. Mon vécu en éducation m’amène à affirmer que la qualité de nos relations détermine la qualité de l’éducation. Or dans cette quête de la réussite pour tous, tous les adultes n’ont pas la même facilité à entrer en relation avec les élèves. Et c’est parfois à cause de l’approche. Je m’explique. En début de carrière, des collègues me disaient qu’à la rentrée, il faut être rigoureux, sévère et exigeant. « La première semaine, il faut que tu fasses le ménage, Marius. Si tu leur fais peur un peu, les élèves qui n’ont pas d’affaire là vont changer de cours. » Je l’ai essayé. J’ai souffert. Mes élèves aussi. J’ai appris que ce n’était pas moi, ça. J’ai rencontré d’autres collègues qui me disaient quelque chose comme : « Marius, dès la rentrée, je veux apprendre à connaître tous mes élèves. À la fin de la première semaine, je veux qu’ils soient convaincus qu’ils ont fait le bon choix et qu’ils vont réussir dans ma classe. » C’est une approche différente, qui donne des résultats différents. Parfois, notre réglage par défaut nous amène à entretenir inutilement la peur dans notre salle de classe. La peur s’entretient bien subtilement parfois. La peur de perdre des points, la peur d’être puni, la peur de faire rire de nous, la peur du sarcasme de Monsieur Untel, la peur de déplaire, la peur d’être différent, la peur d’être laissé de côté… La peur nous prive de notre mission éducative beaucoup plus que nos échecs, selon moi. Lorsque la peur entre en salle de classe, l’apprentissage sort. Le bonheur aussi. Dans le contexte actuel et plus que jamais dans le monde (l’école) d’aujourd’hui, nos élèves ont besoin d’espoir. La vraie vie fait assez peur à elle seule. Quand vous réfléchissez à votre milieu depuis la rentrée, quel est le réglage par défaut? Êtes-vous davantage axé sur la peur ou sur l’espoir?
Lorsque la peur entre en salle de classe, l’apprentissage sort. Le bonheur aussi. – @bourmu
Je vous invite à considérer que vos réglages par défaut sont parfois très utiles et parfois moins. Ce n’est pas bien ou mal. L’idée, c’est d’en être conscient afin de présenter intentionnellement la meilleure version de soi-même aux personnes qui nous entourent. L’idée, c’est que nos réglages par défaut soient au service de notre mission éducative.
Alors, comment vous servent vos réglages par défaut présentement?
Merci de vos commentaires 🙂
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