Je faisais l’épicerie avec mes enfants récemment et je leur expliquais que les fruits et légumes au supermarché sont pas mal tous pareils parce que les consommateurs «mangent avec leurs yeux». Les gens aiment acheter des fruits et légumes qui sont beaux. «Mais comment ils font les fermiers pour faire des fruits et légumes identiques, papa?» Et là ça m’a frappé. Bien sûr, et je ne vous apprends rien, on utilise des produits chimiques (régulation externe) ainsi que des connaissances avancées au sujet du climat requis pour que chaque fruit et légume atteigne son plein potentiel esthétiquement. C’est la cible, non? Ils doivent être beaux. Le goût, les effets sur la santé, ça c’est autre chose.
Mais ça m’a fait réfléchir au grand monde de l’éducation. Quelle est la cible pour nos élèves? Qu’ils soient beaux? Bien sûr que non. Qu’ils performent bien en littératie et en numératie? Oh que si! Mais qu’en est-il de leur plein potentiel et des exigences de l’ère numérique? Apprendre à apprendre. S’adapter. S’auto-réguler. Développer les talents…
Tous nos élèves ne sont pas destinés à devenir des êtres identiques, comme le disait si bien Sugata Mitra dans une de ses plus récentes vidéos. Mais malheureusement, notre système d’éducation est présentement conçu pour prendre les jeunes et à graduellement les faire entrer dans le moule qui, faut-il le préciser, amènera à force d’initiatives et de stratégies un haut pourcentage d’élèves à de «hauts niveaux de rendement». Dans le moule. Le non-dit ici est que ce moule mène au désengagement autant des élèves que des enseignants puisqu’il n’accorde que très peu de place à l’auto-régulation. Ironiquement, l’avènement du testing est sensé nous aider à valoriser la profession enseignante en démontrant son efficacité et son impact sur l’apprentissage des élèves.
Sir Ken Robinson aborde les défis du système de l’éducation dans sa plus récente vidéo, How to escape education’s death valley. Il affirme que notre système doit passer de l’autorité et du contrôle, à la gestion du climat. Il prétend que les êtres humains s’épanouissent lorsque ces trois conditions sont respectées :
1. Respect et promotion de la diversité
2. Promotion et stimulation de la curiosité
3. Promotion et stimulation de la créativité
Et comme Sir Ken nous le rappelle, nous ne pouvons pas y arriver à force de régulation externe. L’enseignement n’est pas quelque chose qu’on peut dispenser systématiquement. L’apprentissage, lui, doit être systématique et s’appuyer systématiquement sur la capacité des gens à s’auto-réguler. L’enseignement est un art qui fait appel à la créativité, à la curiosité et à la diversité. Pour y arriver, notre système d’éducation doit passer de l’autorité et du contrôle, à la gestion du climat. En effet, les administrateurs envers les enseignants et les enseignants envers les élèves, créons les conditions qui permettront aux humains de s’épanouir, de s’auto-réguler dans notre système.
Le défi : si on s’en remet à la gestion du climat, on perdra le contrôle et la conformité, et, enfin, administrateurs, enseignants et élèves pourront s’auto-réguler. C’est quoi le problème? Les fruits de notre système actuel sont-ils si beaux qu’on ne peut imaginer mieux? J’espère que non.
MDR. Merci Pierre 😉
Wow! Merci! Merci et encore merci! Très beau et très vrai! Je signe où? 🙂