Et si nous adoptions des processus autonomisants

Je regardais cette vidéo pour une énième fois cette semaine et j’ai été frappé à nouveau par la simplicité du processus partagé par Mick Ebeling.

Son processus est bien simple : lorsqu’il désire avoir un impact positif,

  1. Il s’engage.
  2. Il tente de figurer quoi faire pour y arriver.

C’est quand même assez simple. Ce qui est intéressant dans son processus en 2 étapes, c’est l’ordre des étapes. Mick n’a pas dit qu’il trouvait comment avoir un impact positif et qu’ensuite il s’engageait. Il s’engage d’abord, sachant qu’il sera capable de trouver le comment en temps opportun. C’est important ça. Il fait confiance à son intuition. Vous vous reconnaissez dans ce processus? C’est un processus qui me semble très autonomisant.

L’engagement nourrit l’intuition.

Lorsqu’on s’engage affectivement, comme mari, comme père, comme enseignant, comme collègue, on trouve éventuellement une façon d’avoir un impact positif dans la vie des gens dont nous sommes responsables puisque nous avons une autonomie complète, en ce sens que nous pouvons choisir quoi faire et comment faire. Nous vivons aussi avec les conséquences de nos actions.

Deux ingrédients clés se dégagent ici :

  1. Responsabilité
  2. Autonomie

Pour arriver à nos fins, nous devons accepter la responsabilité de notre engagement et nous devons agir au meilleur de notre capacité. Quand l’intention d’une relation est claire et qu’on s’engage, notre intuition devient comme un manuel d’instructions. C’est comme si l’engagement nourrissait l’intuition.

Et en éducation?

Dans mon vécu en éducation, la majorité des gens sont engagés. Je peux compter sur les doigts d’une main les gens désengagés que j’ai rencontrés.  En éducation, le processus pour obtenir un impact positif est souvent le même lorsqu’il est vécu individuellement. On s’engage et on s’organise pour y arriver. Or je me rends compte que le processus pour obtenir un impact positif auprès de nos élèves n’est pas toujours le même lorsqu’il est vécu collectivement. En fait, c’est l’ordre du processus qui change. Souvent, pas toujours, mais souvent, les gens impliqués essaient d’abord de trouver comment faire avant de s’engager à actualiser une nouvelle approche. Parfois, le processus ressemble davantage à ceci lorsqu’il est vécu collectivement :

  1. On trouve quoi faire et comment faire en s’appuyant sur des pratiques exemplaires, des données probantes, la recherche…
  2. Si la première étape est satisfaisante pour les acteurs concernés, là, on s’engage.

Un des défis ici, et c’est tout à fait normal, c’est la perception de la perte d’autonomie. En effet, tous les gens impliqués peuvent être engagés, mais pas nécessairement en accord avec les actions à prendre. Pour toutes sortes de bonnes raisons. Que faire alors? Et si nous tentions de développer notre intuition de coach?

L’intuition du coach

La raison d’être des établissements scolaires, c’est la réussite de tous les élèves. C’est sûr que RÉUSSITE ne veut pas dire la même chose pour tout le monde, mais tous s’entendent que nous sommes là pour la réussite des élèves. La cible est établie et commune. Lorsque vient le temps de prendre des décisions concernant les actions qui favorisent la réussite des élèves, on voudrait choisir les meilleures pratiques, les pratiques recommandées par la recherche et les déployer à grande échelle. C’est logique. Or enseigner est une profession complexe et humaine. Ça dépasse la simple technique pédagogique. En effet, même si on applique une stratégie pédagogique soutenue par la recherche, on peut quand même échouer. On valorise souvent le jugement professionnel de l’enseignant. Mais c’est souvent lié au moment où il doit porter un jugement concernant la note ou la réussite d’un élève. Le jugement professionnel du juge. J’entends rarement parler de l’importance de l’intuition de l’enseignant. L’intuition du coach. Pour développer les élèves et les amener à atteindre leur plein potentiel, l’enseignant doit, comme un coach, essayer de générer des émotions positives chez ses élèves, entretenir de bonnes relations avec eux, planifier une démarche d’enseignement/apprentissage se situant dans la zone proximale de développement de ses élèves, relever des preuves d’apprentissage ou de progrès, s’ajuster, offrir des prochaines étapes aux élèves… Dans le feu de l’action, l’enseignant, comme un coach, doit se servir de son intuition pour prendre les meilleures décisions pédagogiques pour ses élèves. Mais comment développe-t-on son intuition de coach?

Praticiens-chercheurs demandés

Pour amener chaque élève à atteindre son plein potentiel, il importe de s’appuyer sur des données probantes, la recherche, des innovations, les données d’élèves… Bien sûr. Mais je crois qu’il faut aussi expérimenter et adopter une mentalité de praticien-chercheur. C’est une façon bien simple de parler d’intentionnalité et d’impact conscient. Par exemple, l’enseignant peut s’appuyer sur une théorie d’action (si… alors…), qu’il validera en classe avec ses élèves (dans le cas de l’enseignant). C’est une façon de vérifier constamment si les actions ont les impacts attendus (sur les élèves). Au fil du temps, c’est une façon de cultiver son intuition pédagogique, ce qui améliore les décisions pédagogiques prises dans le feu de l’action. Ceci s’applique à tous les acteurs. Comment vos processus actuels vos permettent-ils de devenir des praticiens-chercheurs?

Pour soutenir notre engagement collectif…

Je mentionne plus haut que l’engagement nourrit l’intuition et que les ingrédients clés sont la responsabilité et l’autonomie. En éducation, notre engagement collectif envers la réussite des élèves fait en sorte qu’un 3e ingrédient est requis : le soutien. Le soutien est la clé pour développer l’efficacité collective et pour l’amélioration continue de notre intuition pédagogique puisque nous devons adopter des méthodes qui nous arrivent souvent de l’externe (recherche ou autre). Ces méthodes ne nous paraissent pas toujours logiques ou intuitives.

À mon humble avis, les 3 ingrédients requis pour susciter l’engagement et pour maximiser le développement de tout leader pédagogique sont :

1. Responsabilité : signifie que je suis capable d’agir et d’avoir un impact. J’ai un pouvoir d’action et je suis responsable de mes actions.

2. Autonomie : signifie que je cultive mon intuition en choisissant comment j’essaie d’atteindre la cible au meilleur de mes capacités et en m’appuyant sur la recherche. J’ai une liberté d’action. Mon unicité est mise en valeur.

3. Soutien : signifie que je compte sur la présence d’un superviseur ou d’un collègue qui viendra, en temps opportun, vérifier comment je progresse relativement aux engagements que nous avons pris ensemble. Ce soutien me permet de prendre conscience de mes progrès et des pratiques grâce auxquelles j’ai progressé.

Certains préfèrent possiblement Imputabilité plutôt que Soutien. À mon avis, les gens ont davantage besoin de soutien, de quelqu’un qui vienne vérifier si tout va bien, si on progresse plutôt que de simplement venir vérifier si ce qui a été demandé a été fait ou a produit les effets recherchés. Tout est dans l’approche.

Imaginez passer 30 ans de carrière dans un climat où nous croyons que tous les élèves peuvent apprendre, qu’ils peuvent apprendre grâce à ce que nous faisons (responsabilité et autonomie) et qu’on nous soutient dans le processus (soutien).

Je peux difficilement m’imaginer un meilleur contexte pour me développer en tant que leader pédagogique, en tant que coach, en tant qu’enseignant.

La recherche, c’est important. L’intuition de tous les acteurs aussi.

Et si nous adoptions des processus autonomisants dans nos écoles?

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2 Déc, 2018

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Commentaires

2 Commentaires

  1. Karine Laporte

    Encore une fois un texte fort inspirant qui nous amène à réfléchir. Merci!!!

    Réponse
    • Marius

      Merci beaucoup Karine 🙂

      Réponse

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