Que signifie «Faire le virage»?
On me demande souvent ce que «virage au numérique» veut dire, concrètement. Je ne sais pas s’il y a UNE réponse. Je me questionne. Chose certaine, au cours des dernières années, j’ai beaucoup lu et discuté avec mes collègues à ce sujet.
Des questions qu’on se pose quand on amorce le virage
- Est-ce qu’on fait le virage quand on utilise des applications et des extensions dans Chrome?
- Est-ce que le virage, c’est d’offrir un cours en ligne (complet ou hybride)?
- Est-ce que c’est de mettre mes leçons dans Drive, dans Classroom?
- Est-ce que c’est d’utiliser un agenda numérique et/ou Class Dojo?
- Et si je permets les appareils mobiles en salle de classe?
- Est-ce que je dois avoir un blogue ou être sur Twitter?
4 composantes du virage
Voici les 4 grandes composantes qui guident mes réflexions et mes actions en tant que leader et agent de changement en ce qui concerne le virage au numérique.
1. L’intégration des outils technologiques : Ce qui fait jaser le plus les gens depuis quelques années, c’est sans contredit la présence croissante d’outils technologiques qui sont disponibles gratuitement. Des outils, il y en a pour les fins et pour les fous! Les activités de type sommet Google font fureur et attirent plusieurs personnes en éducation qui souhaitent intégrer les outils technologiques dans leur pratique. Les bienfaits se font vite sentir, surtout au niveau de l’efficacité au travail. Avec la technologie, on sauve du temps! Autre bienfait : les élèves aiment les utiliser en salle de classe. En fait, ils aiment tout ce qui n’est plus «on voit un Powerpoint» ou «on produit un Powerpoint». À mon avis, l’intégration des outils technologiques, c’est l’étape du piton dans le virage au numérique. Je dois dire qu’une grande majorité des gens sont de plus en plus à l’aise avec le piton. Savoir utiliser les outils pour gagner en efficacité et pour faire vivre des activités engageantes aux élèves. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir une personne assister à son premier sommet Google une année et de voir cette même personne animer des ateliers l’année suivante. C’est vraiment beau et inspirant à voir.
«Il n’est pas rare de voir une personne assister à son premier sommet Google une année et de voir cette même personne animer des ateliers l’année suivante. C’est vraiment beau et inspirant à voir. » @bourmu
2. Les cours en ligne : En plus des outils technologiques, de plus en plus de cours et de modules sont disponibles en ligne, soit dans l’EAV ou la C@O. Combien d’enseignants suivent des cours de qualification additionnelle en ligne? Je crois que tous les élèves devraient devoir suivre au moins un cours en ligne avant l’obtention de leur diplôme. C’est une belle façon de stimuler l’auto-apprentissage et de développer des compétences qui ressemblent drôlement à l’environnement de travail de bien des emplois. Offrir un cours en ligne aux élèves, c’est de bien les préparer pour la vraie vie en 2016.
«Je crois que tous les élèves devraient devoir suivre au moins un cours en ligne avant l’obtention de leur diplôme.» @bourmu
3. L’accès à Internet : Si on recule trois années passées, plusieurs écoles n’avaient pas un accès wifi suffisant. L’évolution rapide des outils technologiques a également fait en sorte que les conseils se sont penchés sur le concept d’une politique AVAN (Apportez Votre Appareil Numérique). Oui, trois années passées, nous en étions à l’étape de l’infrastructure. Aujourd’hui, cette étape est presqu’achevée et la majorité des écoles ont une politique AVAN, c’est-à-dire que les élèves peuvent apporter leur appareil numérique à l’école. C’est souvent un appareil mobile. Or l’accès à Internet n’est pas le premier mentionné quand on parle du virage au numérique. Et pourtant, c’est grâce à Internet qu’on parle du virage, de la capacité de se réseauter, pas grâce aux outils. En effet, le virage, c’est le changement de paradigme. C’est le fait que nous ne sommes plus là uniquement pour transmettre des connaissances aux élèves. Et les 6C, c’est dans le contexte du numérique qu’ils doivent être développés, et c’est grâce à Internet qu’on en parle. Internet, c’est le héros obscur du virage au numérique. Je vous donne un exemple. Une personne qui a 3 iPad dans sa salle de classe et qui se demande ce qu’elle peut bien faire avec ça. Pour transmettre des connaissances, c’est peut-être insuffisant. Pour développer des compétences et pour avoir des discussions avec les élèves autour de grandes questions… Je me dis que 3 iPad, c’est 3 points d’accès à tout le savoir de l’humanité, à des réseaux, à des experts etc. Ce n’est pas rien! Pourquoi se limiter à la page 27 d’un manuel? L’accès à Internet, c’est beaucoup plus que ce qui rend possible l’utilisation d’outils, parfois infonuagiques. Changement de paradigme! Ce qui se passe alors dans plusieurs classes, c’est que les élèves ont leur appareil mobile, il y a un backchannel, une conversation qui n’implique pas l’enseignant, ni l’apprentissage. Et pourtant, l’accès à Internet est là, en attente de transformer l’expérience d’apprentissage des élèves. Qui eût cru que l’accès à Internet serait, pour certains, vu comme une distraction?
«Je me dis que 3 iPad, c’est 3 points d’accès à tout le savoir de l’humanité, à des réseaux, à des experts etc. Ce n’est pas rien!» @bourmu
4. Redéfinir son rôle : Avec le changement de paradigme, avec l’accès aux outils et à Internet, le rôle de l’enseignant est transformé. En effet, si l’enseignant n’est plus là simplement pour transmettre le savoir mais bien pour développer le savoir-devenir de ses élèves; si l’enseignant devient de plus en plus habile à utiliser les outils technologiques, pour sa gestion et dans ses pratiques pédagogiques; si l’enseignant devient de plus en plus habile à tirer profit des cours ou des modules en ligne; si l’enseignant devient de plus en plus habile à tirer profit de l’accès à Internet, qu’il maximise l’emploi des appareils mobiles qui attendent sous les pupitres ou dans la poche arrière des élèves; si l’enseignant devient de plus en plus à l’aise dans son rôle de guide, de coach, de leader pédagogique… Un constat émerge : Le virage, c’est qu’il faut devenir autre chose que ce que le système a toujours attendu de nous. Ça suscite des émotions. C’est sûr! Mais c’est pour ça qu’on est là. N’est-ce pas?
«Le virage, c’est qu’il faut devenir autre chose que ce que le système a toujours attendu de nous.» @bourmu
Une question, pas LA réponse
Finalement, mes réflexions m’amènent ici. Oui, je crois qu’Internet est le héros obscur du virage. Nous avons désormais la chance de nous réseauter, d’apprendre quand on veut, de partager. Fini, l’isolement! Avec les réflexions que je viens de partager, voici donc la question que je vous propose si vous vous demandez ce que ça signifie que de faire le virage : «Qui dois-je devenir pour transformer l’expérience d’apprentissage des élèves?». Bon virage. Bon succès!
Merci de vos commentaires.
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