Choisir son difficile

La vie arrive pour nous!

Juste avant les Fêtes, j’ai reçu un texto de mon épouse qui m’a pris de court : «Juste te dire qu’on part dans le sud du 22 au 29 décembre. Non négociable. Lol.» En 25 ans, c’était la première fois qu’elle m’envoyait un message comme ça. Moins de 48 heures plus tard, nous étions au Mexique. Ce repos forcé m’a permis de reconnecter, de réfléchir et de remettre des choses en perspective. J’ai réalisé que parfois, être productif, c’est aussi ne rien faire. C’est dans ces moments de pause que naissent les prises de conscience les plus profondes. La vie arrive pour nous!

Devenir pleinement qui nous sommes

Ce voyage m’a amené à m’interroger sur le verbe «devenir». En éducation et dans la vie en général, on parle souvent de ce qu’on veut obtenir, mais peu de qui on veut devenir. Ma conviction profonde est que nous avons tous une mission de vie. Et ce dont nous avons besoin pour l’actualiser est déjà en nous. Ce n’est pas une question de capacités manquantes, mais d’environnement propice à l’épanouissement.

Catalyseurs de potentiel humain

Un oiseau n’a pas besoin d’apprendre à voler, il vole parce que c’est dans sa nature. Une semence contient déjà l’arbre qu’elle est destinée à devenir, à condition d’être placée dans le bon environnement. Mais la semence doit devenir un arbre. Ce n’est que du potentiel. Ce n’est pas un automatisme. De même, notre rôle en éducation est d’aider les jeunes à trouver ce qu’ils ont à offrir au monde. Les élèves ne viennent pas à l’école pour nous, pour nous donner un auditoire afin que nous puissions livrer notre contenu, mais pour que nous les aidions à devenir et à révéler qui ils sont. Nous sommes appelés à être des catalyseurs de potentiel humain.

Marius Bourgeoys

Passer du verbe «obtenir» au verbe «devenir»

Trop souvent, dans nos milieux, on veut obtenir : l’attention, le respect, l’apprentissage, de bonnes notes, un taux de diplomation. Mais avant d’obtenir, il faut d’abord devenir. Jim Rohn disait : «Ce n’est pas ce qu’on obtient qui compte, c’est qui on devient.» Autrement dit, selon Rohn, on peut nous donner un million de dollars, mais si nous ne sommes pas devenus millionnaires dans nos compétences et notre manière de penser, cet argent disparaîtra rapidement. En effet, nous devons devenir des personnes capables de générer ce qu’on veut obtenir.

Quand on aide un jeune à choisir son avenir, est-ce qu’on l’oriente vers un salaire ou vers un environnement qui lui permettra de devenir la meilleure version de lui-même? C’est une question fondamentale qui devrait guider nos réflexions en éducation. L’époque où on est «casé» pour la vie est révolue, les ami.es.

L’impact de l’intelligence artificielle sur le développement humain

Nous vivons une transformation majeure comme société. L’intelligence artificielle simplifie nos vies et réduit graduellement les efforts cognitifs requis des humains (qui l’utilisent). Autrefois, l’activité physique était intégrée à notre quotidien; aujourd’hui, nous devons consciemment l’ajouter à nos routines. Il faut choisir son difficile (physique) pour se construire physiquement. Et nous connaissons les retombées positives sur la santé mentale, entre autre.

De même, si nous confions au numérique la tâche de réfléchir à notre place, parce que c’est plus facile, plus rapide et de plus en plus… meilleur que ce que nous sommes capables de générer, que devient notre propre capacité à penser, à analyser, à créer? Le discernement et la pensée critique ne tombent pas du ciel, ils se construisent. Un chemin neuronal à la fois. Si nous nous fions uniquement à ces outils pour «obtenir» des résultats impressionnants, nous risquons de perdre notre propre capacité à construire du sens. L’éducation doit donc être un espace où l’on apprend à penser, et non pas seulement à utiliser des outils performants pour obtenir des «bonnes réponses».

Marius Bourgeoys

Comment empêcher les élèves d’utiliser l’IA pour tricher?

Je suis tombé sur une publication de Richard Culatta dans LinkedIn où il propose 5 façons d’empêcher les élèves d’utiliser l’IA pour tricher. Comment empêcher les élèves d’utiliser l’IA pour tricher? Bon, déjà là, la question suggère que l’éducation est une compétition. Dans une compétition, on peut tricher parce que le but est d’«obtenir» la 1re place. Or dans sa mission de vie, si on prend des raccourcis, si on ne choisit pas son difficile, on ne «devient» pas qui on est censé devenir. Dans la «game infinie», on n’a pas intérêt à faire ça. «The proof is in the pudding», après tout.

Voici tout de même les 5 suggestions de Richard Culatta pour éviter la tricherie avec l’IA :

  1. Concevoir des évaluations significatives et en lien avec la réalité des élèves
  2. Établir des normes d’intégrité académique en collaboration avec les élèves
  3. Montrer que l’évaluation a pour but d’orienter les apprentissages futurs
  4. Passer des examens à enjeux élevés à des évaluations formatives axées sur la maîtrise des apprentissages
  5. Permettre aux élèves de choisir comment ils démontreront leur apprentissage/compréhension

Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que l’IA vient démocratiser le savoir. Et les humains qui utilisent l’IA vont assurément être plus attrayants dans le marché de l’emploi que ceux qui ne l’utilisent pas. Or les compétences humaines demeurent essentielles. Je vous invite à consulter le Future of Jobs Report du World Economic Forum – Janvier 2025.

La question essentielle : Qui suis-je en train de devenir?

Dans un monde qui va de plus en plus vite, il est essentiel de se poser cette question : Qui suis-je en train de devenir? (Et qui sommes-nous en train de devenir comme système?) Nos habitudes, nos choix et notre environnement influencent cette réponse. Si nous voulons maximiser notre impact et donner du sens à notre vie, nous devons nous assurer d’être alignés avec notre mission de vie.

L’éducation a un rôle clé à jouer pour aider les jeunes à trouver leur propre chemin (et à voir le sens de la présence scolaire dans le monde d’aujourd’hui!!!). Plutôt que de leur demander ce qu’ils ont obtenu sur leur dernier travail, posons-leur la question : «Qui veux-tu devenir?» ou «Qui es-tu en train de devenir?» C’est en s’engageant dans cette réflexion qu’ils pourront trouver leur véritable place et contribuer au monde de manière significative. Les élèves viennent à l’école pour se construire. Ils viennent pour eux. Le savent-ils? Ça, c’est difficile. Il est parfois plus facile de continuer la «game» actuelle…

La dernière génération prénumérique?

Nous sommes probablement la dernière génération à avoir grandi et connu la vie avant Internet, les cellulaires, l’infonuagique et, maintenant, l’IA. Avez-vous déjà pensé à ça? À une époque, si une question nous venait à l’esprit, nous devions continuer notre journée avec la question en tête (et rester ignorants ;). À moins d’avoir un tour pour se rendre à la bibliothèque (voir l’image du Google préhistorique). Aujourd’hui, dès que nous avons une question, une multitude de réponses est à notre portée. C’est difficile de s’imaginer comment les technologies actuelles façonnent autrement les humains qui sont nés à partir de 2010. Mais les impacts ne sont pas tous positifs. C’est clair.

Marius Bourgeoys

Devenir : une décision consciente

Devenir demande un effort conscient. Ce n’est pas confortable. Mais n’est-ce pas là le processus millénaire qui permet aux humains de se construire?

Dans son livre Those Who Remain, Michael Hopf affirme ceci :

“Hard times create strong men.

Strong men create good times.

Good times create weak men.

And, weak men create hard times.”

Quelle époque a contribué à créer qui vous êtes?

Où en sommes-nous présentement?

Dans un monde qui cherche à nous simplifier la vie, choisissons ensemble notre «difficile» : celui qui mène à une vie riche de sens, de réalisation de soi et de contribution.

Merci de vos commentaires

Marius Bourgeoys

27 Fév, 2025

Recevoir le blog par courriel

Merci pour votre inscription!

Commentaires

0 commentaires

Laisser un commentaire

Vous pourriez aimer