Une recherche de l’Université de Stanford s’est intéressée à cette question il y a quelques années : comment un leader peut-il atteindre son plein potentiel ? Ils ont étudié deux facteurs : est-ce une question technique, donc savoir quoi faire, maîtriser les stratégies de leadership à fort impact ? Ou est-ce une question relationnelle, être capable de mobiliser, d’inspirer, de bien s’entendre avec les autres ?
Le résultat de cette recherche m’a frappé : 87 % relationnel, 13 % technique. Autrement dit, pour mobiliser une équipe, pour inspirer et aligner les gens vers un objectif commun, tout passe par la qualité des relations qu’on construit. Et c’est là que les 3 R entrent en jeu : Responsabilités, Relations et Résultats. Ces trois piliers, bien qu’ils paraissent simples, sont la clé pour atteindre son plein potentiel en tant que leader, pour agir sur l’amélioration continue de l’éducation.
1. Les responsabilités : ce qu’on attend de vous
Si vous êtes en éducation, vous avez un rôle, un titre, une fonction. Avec ce rôle viennent des responsabilités. Peu importe qui vous êtes, ces responsabilités sont souvent les mêmes pour tous ceux qui occupent un poste similaire. Par exemple, un directeur d’école a une liste de responsabilités bien définie : gestion du personnel, organisation scolaire, objectifs à atteindre… (la liste s’allonge avec les années).
Mais voici ce qui est fascinant : ce n’est pas la liste des responsabilités qui détermine l’impact, c’est vous. C’est l’être en poste. C’est votre unicité, ce que vous apportez en tant qu’être humain, qui fait toute la différence. Si on remplaçait une direction (s’applique à tous les postes) par une autre, la liste des responsabilités resterait la même, mais l’impact serait différent. Pourquoi ? Parce que ce qui fait toute la différence, c’est la personne qui l’incarne. C’est vous.
Donc, une question à se poser est : comment vos responsabilités s’alignent-elles avec ce que vous, et vous seul, pouvez apporter ? Il y a des choses qui seront possibles uniquement parce que c’est vous qui êtes là, dans ce poste, avec votre vision, vos talents, votre posture et votre énergie. D’où l’importance de se connaître et de connaître sa mission de vie. C’est là où la magie s’opère.
2. Les relations : le cœur de votre leadership
Je vous rappelle que 87 % de la recette, c’est la relation. C’est énorme, non ? Pourtant, la majorité des formations offertes portent sur le 13%, en rappelant à l’occasion l’importance des relations. Or les résultats que vous voulez atteindre, que ce soit un meilleur taux de diplomation, des élèves plus heureux ou un climat scolaire positif, ne viendront jamais de vous seul. Ces résultats passent toujours par les autres.
En tant que direction, vous travaillez avec les enseignants. Les enseignants, à leur tour, travaillent avec les élèves. Et ce sont les élèves qui génèrent les résultats. Pensez-y. Pensez à votre plan d’amélioration d’école ou à votre plan d’engagement vers la réussite. Qui génère directement la majorité des données que nous visons? Les élèves. Tout est donc une question de relation. La qualité de vos relations détermine la qualité des résultats. Je m’explique.
Quand vous investissez dans vos relations, vous «gagnez» quelque chose de précieux pour l’apprentissage (les données) : l’effort sincère et intrinsèque des autres. Les gens choisissent de vous offrir le meilleur d’eux-mêmes, non pas parce que vous êtes leur supérieur, mais parce qu’ils ont envie de vous montrer qui ils sont et ce dont ils sont capables. Si, au contraire, vous mettez toute votre énergie sur les résultats en oubliant les relations, vous obtiendrez le minimum des gens. Bref, il faut donner, et éventuellement, les gens nous donnent la permission d’obtenir. C’est connu en leadership, et pourtant…
Construire des relations solides demande de la vulnérabilité, de la patience et du temps. «Oui mais Marius, tu ne comprends pas. Je suis occupé.e à être le/la leader de ma classe, mon équipe, mon école, mon organisation. Je n’ai pas le temps pour les relations.» 87%. C’est ça, le «boute» qu’on appelle le leadership. Ça demande du temps. Ça demande d’être présent, d’écouter sincèrement et de poser des questions. Ça demande de tolérer les silences. Ça parle fort, un silence. C’est simple, mais ce n’est pas facile. Ça nous déclenche parfois dans nos insécurités…
3. Les résultats : une conséquence naturelle
Tout le monde veut de meilleurs résultats. Mais en réalité, les résultats ne sont qu’une conséquence des deux premiers R : responsabilités et relations. Ce qu’on veut, ce sont des élèves qui réussissent mieux, un personnel en amélioration continue, un climat scolaire positif… Mais pour y arriver, il faut d’abord investir dans les relations. Ça, ça demande de passer du temps en présence des autres.
Vous avec sûrement des objectifs SMART. Voici une chose importante : les données ne racontent qu’une partie de l’histoire. Derrière chaque donnée, il y a des humains, des émotions, des efforts… des relations. C’est pourquoi je préfère l’expression «people-driven, data-informed» : axé sur les personnes, éclairé par les données.
Les résultats ne sont pas une fin en soi. Ce qui compte, c’est de devenir des personnes capables de les générer. Ça s’applique autant aux élèves qu’à tous les acteurs en éducation. L’objectif est réellement SMART lorsque le R représente les relations. Ou peut-être les 3 R superposés…
Ce qui est simple n’est pas facile
On voit bien que tout est connecté. Or ce qui est simple n’est pas facile. Aller à la rencontre de l’autre, bâtir des relations solides, ça prend du temps, de l’effort, de la patience… et ça demande de lâcher-prise. C’est pour ça que certains milieux sautent cette étape et se concentrent uniquement sur les responsabilités et les résultats. Mais sans le R central, aucune transformation n’est possible.
Alors, je vous invite à réfléchir à ceci : qu’est-ce qui changerait demain matin dans votre milieu si vous alliez à la rencontre des gens ? Y a-t-il des membres de votre équipe, des collègues ou des élèves avec lesquels le lien pourrait être amélioré ? Comment pourriez-vous, dans les sept prochains jours, vous présenter différemment pour cultiver des relations plus authentiques et responsabilisantes ?
Pour faire grandir les résultats, il faut faire grandir les personnes. Et pour faire grandir les personnes, il faut faire grandir nos relations. Et pourtant… (je n’aime que toi… entendez-vous Aznavour?)
Une histoire d’amour
L’éducation, c’est une histoire d’amour. Il faut aimer plus les personnes qu’on accompagne que les résultats qu’on cherche à obtenir. C’est ça, le défi du leadership. Le 87%. Les résultats viendront des autres. Et notre rôle, en tant que leader, c’est d’investir dans ces relations, de valoriser les personnes et de créer un environnement où chacun peut atteindre son plein potentiel.
Alors, je vous laisse avec cette réflexion : comment les 3 R influencent-ils la manière dont vous voulez vous déployer dans votre milieu ? Prenez le temps d’y penser.
Parce que les stratégies de leadership à fort impact ne peuvent rien faire pour nous si le courant ne passe pas.
Bonne réflexion!
Merci!